Les formations de l’atelier de l’arbre, une nécessité pour apprendre à apprendre

Lorsque l’on se dit professionnel de l’arbre et du végétal, on ne peut pas s’endormir sur ses acquis. Le changement climatique, l’évolution de la législation, les découvertes scientifiques, les nouvelles maladies et parasites… il y a tellement de paramètres qui évoluent chaque jour.

En revanche, pourquoi ré-inventer la connaissance acquise. Si la faire évoluer est un impératif, la renier est une perte de temps stérile.

Les années 80 ont vu l’arrivée des nouvelles techniques de grimpe dans le monde de l’élagage, mais elles ont aussi (et surtout) permises de découvrir l’arbre sous d’autres facettes.

Des pionniers diront certains, personnellement je préfère parle de leaders . Des passionnés qui nous ont ouvert des chemins inédits ou confidentiels dans la connaissance de l’arbre. Mi scientifique, mi arboriste, ces personnes sont la plupart du temps des hybrides inclassables… des « crapauds fous » !

Et j’ai eu l’immense honneur d’en côtoyer un durant 4 jours dans le Périgord…

William Moore.

« À l’âge de 9 ans je me souviens d’être allé dans l’atelier de mon père, d’y avoir pris une hache bien aiguisée, et puis je suis allé au fond de notre jardin près de ma cabane en haut d’un vieux sureau. J’ai commencé à donner des coups de hache au pied d’un sycomore. La sève a commencé à couler. En larmes je suis allé à la maison chercher la trousse de premiers secours et j’ai mis un beau pansement sur les plaies. Les bandages ne collaient pas à cause de la sève.

Alex Shigo et William Moore

(…) C’est en 1984 que j’ai commencé à lire les travaux d’Alex Shigo, je trouvais enfin de la recherche scientifique et pragmatique sur la biologie de l’arbre avec des applications pratiques. Je suis donc allé à la source, aux États-Unis, et j’ai pu passer pas mal de temps à disséquer des arbres et regarder dans un microscope ; Le Dr Alex Shigo était, comme beaucoup de grands chercheurs que j’ai rencontré depuis, un pédagogue de première qualité. En 1989, il m’a été proposé de donner des cours à Paris 7 (Jussieu), d’où la naissance du premier atelier « Voyage au Centre de l’Arbre », la passion de la découverte. » (Source)

Depuis la création, plus de 5000 personnes ont bénéficié de son enseignement.

L’Atelier de l’Arbre

Domicilié à La Lèbre depuis de janvier 2019 dans une ancienne ferme rénovée (toujours en travaux à ce jour), elle abrite un centre de formation, avec un laboratoire et une salle de classe de 100 m2 entourée d’une forêt de 6 hectares.

Les formations sont découpées en 3 niveaux rassemblant plusieurs modules thématiques.

Les arbres : Niveau I

Voyage au Centre de l’Arbre

L’arbre et l’eau : la physiologie de l’arbre approfondie.

Le monde mycorhizien. Nutrition, protection, communication.

L’architecture de l’arbre : ontogenèse, diagnostic et taille.

Les diagnostics : Niveau II

VTA : Analyse visuelle de l’arbre et évaluation de l’état mécanique.

Biologie et identification des champignons lignivores.

Parasitologie et la protection biologique intégrée de l’arbre

La gestion : Niveau III

Risque. QTRA : L’évaluation quantifiée des risques associés aux arbres

GVA : Gestion des vieux arbres et de la biodiversité

DTO : La gestion durable du patrimoine arboré

L’arbre dans les projets d’aménagement

Les différents diagnostics ?

Diagnostic physiologique

La vitalité de l’arbre est l’expression de l’adaptation de l’arbre à son environnement. Les nombreux symptômes d’une perturbation de l’état physiologique sont l’expression d’un dysfonctionnement. L’analyse des critères exprimés par l’arbre permet de déterminer l’origine des perturbations. Il peut alors être nécessaire d’intervenir pour compenser les carences.

Diagnostic phytosanitaire

Les agents pathogènes (champignons, insectes, …) sont normalement présents dans la nature. Ils peuvent parasiter toutes les parties de l’arbre et engendrer des dommages importants. Transmis par l’homme, le vent, les oiseaux ou les insectes, nombreux d’entre eux ne peuvent infecter les arbres qu’au niveau d’une plaie.

La détermination de l’agent pathogène, parfois complexe, permet de définir l’évolution probable des dégradations et de définir les actions à mener. Les solutions apportées seront garantes du respect de l’environnement.

Diagnostic de tenue mécanique

Tous propriétaire ou gestionnaire d’arbre est responsables des dommages que celui-ci pourrait engendrer sur des personnes ou des biens. Chaque arbre est associé à un risque incompressible par sa seule présence. Toute dégradation infligée à l’arbre et un facteur d’augmentation potentielle du risque.

Le danger que représente un arbre est déterminé en fonction de son environnement (fréquentation humaine, biens mobilier ou immobiliers, autres végétaux) et du risque de rupture. Lors d’un diagnostic de tenue mécanique, une estimation du risque de rupture peut être réalisée visuellement (fissure, écorce incluse, …) ou nécessiter l’utilisation d’outils (canne pédologique, pénétromètre, tomographe…).

Source : Université Populaire de la Biosphère

La formation VTA

Effectuée du 7 au 10 décembre 2021, voici quelques éléments intéressants à partager.

Illustrations du livre The Body Language of Trees: Encyclopedia of Visual Tree Assessment

Examen visuel par la méthode VTA (Visual Tree Assessment)

C’est une technique légalement reconnue en France et dans le monde entier qui permet d’effectuer des diagnostics d’arbres et d’évaluer les risques de rupture. Après l’établissement complet d’un état sanitaire de manière visuelle, cette méthode permet de tirer des conclusions sur les risques éventuels pour la sécurité des biens et surtout des personnes.

Exemple de conclusion effectuée sur le terrain par William Moore lors de notre formation à la méthode VTA :


Cette méthode a été élaborée par le Dr. Klaus MATTHECK du Centre de Recherche de Karlsruhe en Allemagne, enseignée et préconisée aujourd’hui en France par l’expert arboricole William MOORE.

Recherche visuelle d’indices

Elle se pratique à l’œil nu ou à la jumelle pour les branches les plus hautes. Une prise d’échantillons peut être effectuée pour une mise en culture et pour une analyse plus approfondie si nécessaire. En fonction de la taille des arbres, la présence d’un arboriste grimpeur élagueur peut être demandée par l’Expert.
La méthode SIA (Statique Intégrée de l’Arbre) permet aussi d’estimer la stabilité au vent d’un arbre en situation isolée ou en alignement et un coefficient de sécurité, à partir de paramètres élémentaires : charge (poussée du vent sur l’arbre, poids propre), forme de l’arbre, qualité du matériau bois. Méthode développée par le Dr Lothar WESSOLLY de l’Institut de diagnostic des arbres de Stuttgart.

Examen à la tarière de Pressler

Une tarière ou sonde de Pressler, ou sonde, de Pressler, est un outil spécialisé utilisé pour extraire une carotte de tissu de bois d’un arbre vivant avec des dommages relativement mineurs pour la plante. Cette carotte va nous permettre de connaitre l’age de l’arbre en comptant ses cernes de croissance mais également la qualité du bois sur des zones précises (présence de bois altéré, présence de compartimentation, de champignon lignivore… ).

Prélèvement à la tarière dans la racine d’un arbre déraciné lors de la tempête de 1999

Examen sonore au marteau

Permet de déceler à l’oreille et de localiser la présence de cavités internes ou externes pour le tronc, les racines et les charpentières.

Examen mécanique à la canne en acier à l’intérieur de cavités visibles

Permet de déterminer les zones de résistance de bois dur et les zones fragilisées altérées par des champignons ou des insectes xylophages notamment dans les parties basses de l’arbre dont les racines et le collet.
La VTA, l’examen mécanique à la canne et l’examen sonore permettent d’effectuer une précision de diagnostic à 90 ou 100%, suivant les cas.

Examen au Résistographe

C’est un appareil qui permet l’évaluation, si nécessaire, de la taille des cavités internes ou de l’épaisseur de la paroi résiduelle du bois.

Une aiguille très fine de 30cm, pénètre sans risque dans l’arbre et enregistre la résistance qu’elle rencontre en fonction des différentes structures de bois.

L’interprétation se fait ensuite sur un croquis qui servira au rapport de diagnostic.

Liste du matériel nécessaire pour pratiquer la méthode VTA

MESURES ET RELEVES

  • Maillet de charpentier
  • Boussole
  • Mètre normal (x10 m)
  • Mètre ruban à poignée
  • Dendromètre
  • Loupe aplanique (x10)
  • Option : marteau à impulsion

PERCAGE ET CURAGE

  • Couteau
  • Scie d’élagueur
  • Sécateur
  • Marteau de géologue
  • Tarière de Pressler
  • Starter de forage pour tarière
  • Option : Résistographe

SOL

  • Pic
  • Truelle
  • Bêche

ACCESSOIRES

  • Sac de transport adapté
  • Appareil photo grand angle et macro

Après si c’est juste pour faire quelques observations, on peut commencer avec le minimum…

Ce que je retiens personnellement de cette formation chez-avec William moore

Sur l’aspect humain, William est un chaman’arbre !

Le chaman, la chamane ou shaman, est une personne considérée par sa tribu ou son groupe comme l’intermédiaire ou l’intercesseur entre les humains et les esprits de la nature. (…) Le chaman est à la fois « sage, thérapeute, conseiller, guérisseur et voyant ». Il « est » l’initié ou le dépositaire de la culture, des croyances, des pratiques du chamanisme, et d’une forme potentielle de « secret culturel ». (Source)

A lire sur Lezarbres : Dans la peau d’un arbre

Par Catherine Lenne

La seule chose dont il est sur, c’est qu’il ne sait pas. Que rien n’est figé ni étanche. Ce qui compte c’est, comme le disait son maître à penser Alex Shigo : « de toucher du bois !« .

Analyse d’échantillons en salle de formation

Sur un aspect plus pédagogique… pragmatique… concret !

  • Faire un point « scientifique » d’où j’en suis dans ma connaissance des arbres (4 ans après…)
  • Comprendre la différence entre le diagnostic et le risque (cible)
  • Apprendre à apprendre à lire l’intérieur d’un arbre derrière son écorce avec ses yeux et des outils mécaniques (simple à complexe)
  • M’initier à des méthodes de diagnostic (VTA, SIA et QTRA)
  • L’envie de développer concrètement le service diagnostic dans mon métier et mon travail (THE projet pour mes 50 à 75 ans)
  • Et bien sur… de belles rencontres

Venues d’Auvergne,du Rhône, de Savoie, du Ch’nord mais aussi de Corse, de Suisse et même la Réunion !

Voilà, pour le reste, c’est à vous de l’écrire.
Mais une chose est sur, un jour, j’y retournerai...

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