Que ce soit pour fixer un spot électrique dans un arbre, construire une cabane perchée, installer une plateforme d’observation ou plus globalement développer un parcours accrobranche… vous allez forcément vous poser cette question.
Alors que sait-on scientifiquement sur la question ?
C’est quoi le serrage ?
Le serrage consiste à positionner sur le fut ou la charpentière 2 liteaux l’un en face de l’autre que l’on va serrer entre eux à l’aide de tiges filetées. Une fois solidarisés, nous allons pouvoir venir visser sur les liteaux les éléments de la construction que l’on souhaite réaliser (poutres, plancher, filet…) sans toucher à l’arbre autre que par pression.
Si cette méthode est très séduisante par sa simplicité à mettre en œuvre, il important de connaitre 2, 3 trucs sur la botanique de l’arbre et en particulier la différence entre le bois initial (printemps) et le bois final (été).
Pour la majorité des arbres en France, la pousse secondaire intervient fin juillet à début septembre. Elle permet à l’arbre de s’élargir sur toutes ses parties ligneuses (bois). C’est le moment ou l’arbre renouvelle son rhytidome (écorce externe).
Contrairement à l’herbe ou nos cheveux qui pousse du bas vers le haut, les arbres ajoutent de la matière sur celle existante.
L’arbre ne pouvant pas couper cette corde, il va la recouvrir en s’élargissant et progressivement l’absorber.
Du coup, vous commencer à mieux comprendre le soucis majeur de la technique de serrage, le desserrage !
Dans la théorie, pour que l’arbre soit le moins impacté possible et que l’installation puisse durer, il est nécessaire de desserrer les boulons au milieu de l’été (le plus possible sans faire tomber l’ouvrage) et venir les resserrer au milieu de l’hiver.
Cela peu paraitre évident pour un arbre, 2, voir 3, mais lorsqu’il s’agit d’1 ou plusieurs hectares d’arbres… la motivation est différente.
Dans la pratique, un trop grand nombre de parcours accrobranches ou plutôt, « parcours aventure dans les arbres » ne jouent pas (encore) le jeu. Lorsqu’un arbre commence à montrer des signes de fatigue (voir de rupture) on déplace « juste » l’installation sur un autre sujet qui connaitra les même sors dans les 5 à 10 ans. Pourtant, ils ne pensent pas à mal, mieux, ils aiment les arbres… « Regardez on a bien mis des rondins avant de mettre les câbles, on abime pas l’arbre ! »
C’est quoi le cerclage ?
Le cerclage consiste à positionner un câble autour d’un axe valide sans qu’il soit en contact physique avec celui-ci.
Afin de ne pas endommager le rhytidome avec les frottements, l’usage veut que l’on positionne des buchettes entre l’écorce et le câble avant de serrer les boulons.
Certaines techniques de cerclage consiste même à écorcer le tronc sur une hauteur donnée et d’installer un premier cerclage de buchettes en bois sur lesquelles viendront se positionner les câbles. Mais attention à l’annélation !
« L’annélation, écorçage en anneau ou le cerclage est l’action de retirer l’écorce d’un arbre (ou d’une branche) sur toute sa circonférence, à la base de l’arbre ou à hauteur d’homme. » (lire la suite)
De plus, si cette opération est mal réalisée, elle peut avoir de graves conséquences sur la physiologie de l’arbre en altérant la circulation de la sève descendante, sa mécanique en perturbant son architecture et permettre l’entrée de pathogènes (insectes, bactéries, virus, champignons…).
Avantages/Inconvénients pour l’opérateur
- S’installe plus rapidement
- Peut-être déplacé
- Répond à des normes techniques existantes
Avantages/Inconvénients pour le gestionnaire
- Doit être installer et désinstaller chaque saison (tous les 6 mois environ) pour laisser la pouce secondaire (élargissement de l’écorce) se faire.
Avantages/Inconvénients pour L’ARBRE
- Contraint la pousse secondaire
- Tire mécaniquement d’avantage sur les racines
- Apporte des contraintes d’haubanage sur des arbres n’en n’ayant pas besoin
C’est quoi le perçage ?
A l’inverse du cerclage, le perçage consiste à traverser partiellement ou totalement un axe (fût ou charpentière) dans le but d’insérer un axe taraudé sur lequel viendra se viser un ou plusieurs dispositifs (câble, tyrolienne, liteau…).
Le perçage peut être partiel avec par exemple un simple écrou qui stabilise un étai qui joue un rôle de pression sur le rhytidome.
La connaissance des différents essences, de leurs modèles architecturaux, stratégies de développement, type de circulation de la sève (zones poreuses, pores diffus… vrai ou faux cœur… duramen ou cellulose…) peut se révéler fort utile pour éviter les erreurs et donc les accidents.
Exemples de produits commercialisés
Certaines techniques combinant le perçage et le cerclage commencent à arriver sur le marché avec l’exemple de Clip’Fil.
Clip’Fil a été récompensé en 2019 lors du concours de l’innovation Artinov organisé par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de l’Ain. Dommage que son concepteur Pierre Coillard est fait le choix du brevet plutôt que de la licence open source… mais la réflexion et l’intention sont louables.
Avantages/Inconvénients pour l’opérateur
- Demande moins de câble
- La fixation tient en place tout de suite
- Il n’y a pas besoin de retirer les tiges filetées
Avantages/Inconvénients pour le gestionnaire
- Demande l’intervention d’Arboristes avec de solides connaissances en diagnostic physiologique, sanitaire et mécanique des arbres.
- Offre une meilleur esthétique
- Demande moins d’entretien (visite de contrôle uniquement)
Avantages/Inconvénients pour L’ARBRE
Sur l’aspect physiologique et sanitaire, l’arbre peut tout à fait absorber un corps étranger sans que cela nuise à son fonctionnement ou le tue, la compartimentation (CODIT) est quelque chose qu’il sait plutôt bien faire. Le perçage est donc une solution moins nuisible que le serrage et le cerclage.
Sur l’aspect mécanique et architectural, les 3 méthodes présenteront des inconvénients en fonction du projet. La bonne question à se poser sera donc « Laquelle sera la moins impactante pour l’arbre à court, moyen et long terme ?« .
Le brochage
Le brochage est la même technique que le perçage avec la particularité que l’on va ici chercher à solidariser 2 branches ou 2 troncs entre eux. Comme le montre les photos ci dessous, cette technique est et sera de plus en plus utilisée dans le cas d’écorces incluses en complément ou en remplacement de l’haubanage avec sangles.
Quelles sont les alternatives ?
La suspension
Déclinaison de la technique d’haubanage, la plateforme (acier, bois, filet…) va ici être suspendue à une ou plusieurs charpentières (répartition de la charge).
Idéal pour une installation temporaire, mais présentant les même problématiques que la méthode de cerclage sur du plus long terme.
Le pilotis
Le principe du pilotis est de permettre de donner le sentiment d’une cabane dans un arbre alors que techniquement, on ne vient que l’intégrer à celui ci. Du plancher au toit en passant par les escalier, on ne touche pas physiquement l’arbre.
Pour aller plus loin
- Comment les arbres vivent et meurs ?
- Des racines et des arbres, comment ça marche ?
- Les arbres se tiennent debout, comme les Hommes
- Comment les arbres se soignent ?
- Les soins aux arbres, quelles solutions ?
- Étêtage des conifères, la fausse bonne idée…
- Des embolies gazeuses chez les arbres ?
- Haubanage de branches et charpentières
