Les nœuds de l’arboriste grimpeur

Avec les marins et les guides de haute montagne, les élagueurs sont les principaux utilisateurs de nœuds dans l’exercice de leur métier. Mais combien en utilisons nous régulièrement ? Lesquels ? Quels sont les particularités et les points communs avec les autres métiers de corde ?

D’une manière général, D’Où viennent les nœuds ?

Les nœuds existent depuis que l’Homme est capable de faire de la corde. Et encore. Les nerfs ou la peau d’animaux (babiche – pour les raquettes d’hiver amérindiennes), les racines ou les lianes sont des cordes naturelles que l’Homme a su rapidement utiliser à bon escient. Il est donc difficile de remonter dans l’histoire pour connaître l’origine du nœud. On se doute que rapidement, l’Homme a utilisé le nœud pour différents usages, ne serait-ce que pour s’attacher les cheveux ou ficeler différents objets. Peu importe la civilisation, le nœud a toujours eu une grande place.

Lire la suite sur Historique du nœud et en savoir plus sur les nœuds.

Sans exclure personne, ce patrimoine informationnel commun des nœuds se pratique aujourd’hui essentiellement par les marins, les alpinistes, les spéléologues, les cordistes, les grimpeurs élagueurs et les éducateurs grimpeurs d’arbres.

Les nœuds en commun

Quelque soit notre spécialité, nous avons quelques points communs concernant notre lien à la corde et aux nœuds. Avant de les découvrir, petit lexique de nos communs.

Définition

Un nœud est l’enlacement ou l’entrecroisement d’une ou de plusieurs cordes, ou tout autres objets flexibles et de forme filaire (comme un fil, une sangle, un câble, un ruban, etc.).

Suivant sa configuration, il peut avoir des propriétés très diverses le rendant utile, par exemple, pour :

  • Assembler plusieurs cordages entre eux ;
  • Accrocher un cordage à un objet ;
  • Lier deux objets entre eux ;
  • Former un amas solide, ou décoratif.

Terminologie

  • l’âme : il s’agit du cœur de la corde qui est soit tressé avec des brins fins soit double tressé avec des brins gros.
  • la gaine : il s’agit de l’enveloppe qui enrobe l’âme de la corde, on parle ici de fuseaux.
  • l’épissure : relativement spécifique aux élagueurs qui grimpent en DRT (double rope technique), l’épissure est la fusion d’une extrémité de corde permettant de générer une boucle dans laquelle on insère un connecteur sans altérer les performances de la corde.
  • le brin courant : c’est l’extrémité mobile de la corde qui est utilisée pour réaliser le nœud.
  • le brin dormant : c’est la partie fixe de la corde autour de laquelle le brin courant circule pour réaliser le nœud.
  • la boucle : superposition du brin courant et dormant en effectuant une simple boucle.
  • la ganse : la corde est pliée avec une simple pression entre 2 doigts faisant apparaitre une boucle ouverte.
  • le tour mort : la corde est 2 fois entourée autour d’un axe faisant redescendre les 2 brins du même côté.

Charge maximale d’utilisation (CMU)

La charge maximale d’utilisation (CMU), en anglais SWL pour safe working load (« charge de travail en sécurité ») ou WLL pour working load limit (« limite de charge de travail »), est la charge maximale que le matériel de levage (pont roulant, palan, crochet, élingue, etc. ) peut supporter en utilisation courante.

Force de rupture statique

Les cordes professionnelles utilisées pour le travail en hauteur ont une charge de rupture donnée en newtons (au maximimum 2200 daN pour une corde semi-statique de type A). Cette charge de rupture définit la force qu’il est nécessaire d’exercer pour rompre cette corde sous l’effet d’une traction lente et progressive.

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Les EPI et le matériel dans l’élagage

Le nœud est un point dur dans un ensemble élastique. De ce fait, un nœud réduit toujours la charge de rupture d’une corde, mais certains nœuds la réduisent plus que d’autres. Plus le nœud est composé de boucles serrées qui frottent sur elles mêmes, plus la charge de rupture de la corde sera réduite et plus le risque de rupture sera important.

Exemples :

  • Le nœud de pêcheur affecte la résistance à 30%, on dit qu’il possède une force de résistance à la rupture de 70%
  • Le nœud simple affecte la résistance à 60%, on dit qu’il possède une force de résistance à la rupture de 40%

La friction

La friction est productrice de chaleur, donc plus elle sera importante plus les nœuds seront soumis à rude épreuve.

Corde sur corde : exemple avec le nœud Prussik qui produit beaucoup de chaleur sur les cordes, c’est pourquoi la plupart des Prussik sont à base de matières résistantes à l’abrasion (Polyester/Aramide)

Source images : Equipeur.fr

Le facteur chute

Si dans l’élagage la chute est interdite (rappel : nous travaillons avec des cordes semi-statiques qui nous permettent un maintien à un poste de travail et non des cordes dynamiques utilisées en escalade qui elles permettent d’absorber une chute) en revanche le facteur de chute sera souvent questionné par le grimpeur, en particulier lors de la mise en place de systèmes de rétention ou de tyroliennes.

A retenir en commun

Il y a 3 étapes dans la réalisation d’un nœud : formation, façonnage et serrage.

Soit il est bon soit il ne l’est pas, le « à peut prêt » n’a ici pas sa place. Ce qui peut se résumer par les quatre vœux pour un nœud : Sois fort ! Sois sûr ! Sois beau ! Je veux te maitriser !

Des nœuds dans les arbres pour quoi faire ?

Avec ou sans corde ? …

Accéder au sommet du houppier

(Se) mettre en sécurité

  • S’encorder à un point fixe
  • Installer une plateforme de travail (EGA)
Exemple d’installation pour un « café suspendu »

Se déplacer dans l’arbre

  • Point d’encrage définitif équipé d’une fausse fourche récupérable depuis le sol > Prussik, Distel, Valdotain…
  • Point d’encrage intermédiaire ou secondaire comme un deuxième rappel ou une longe de maintien> Distel, Black…

Hisser ou tracter une charge

Dans certains cas il sera nécessaire de remonter une charpentière ou un billon par dessus une contrainte (clôture, muret), il sera donc utile de connaitre quelques nœuds permettant cette opération.

Effectuer une rétention

Lire l’article dédié sur Lezarbres Abattage et démontage, comment ça se passe ?

  • Pour retenir une branche (rétention)
  • Pour mettre en place une tyrolienne (mouflage)

Viendra s’ajouter à la CMR un facteur de chute. En effet, la masse qui sera retenue recevra en plus un choc égale de la distance entre l’entaille directionnelle et le connecteur ou la poulie ou passera la corde de rétention. C’est pourquoi il est très important d’effectuer cette entaille et le trait de scie le plus près possible du dispositif de rétention en faisant bien sur très attention de ne pas couper l’élingue.

Les 2 nœuds les plus utilisés pour la rétention sont le stillson et le noeud de bois auxquels viendra s’ajouter une ou plusieurs demi clés.

Assister un blesser dans l’arbre

Si il y a bien une situation ou il ne faudra surtout pas hésiter sur la pertinence ou la qualité de vos nœuds c’est celle ci ! Il vous faudra accéder au chevet de la victime (vitesse), vous mettre en sécurité (rapidité), vous connecter à la victime (ingéniosité), la redescendre (efficacité) puis la confier aux secours (qualité).

Chaque nœud doit ici se réfléchir pour 2 personnes.

Un exemple d’assistance à une victime dans l’arbre

Les grandes familles de nœuds

Tant dis que le « Memento de l’arboriste grimpeur » classifie les nœuds en 2 familles, les nœuds autobloquants et les nœuds de charge ou de traction, le livre « Les nœuds de l’arboriste » les répartie quand à lui en 8 :

  • Les nœuds d’arrêt
  • Les nœuds coulants
  • Les nœuds de boucle
  • Les nœuds d’accroche
  • Les nœuds d’ajut
  • Les nœuds autobloquants
  • Les nœuds divers
  • Les nœuds de contre assurage

Le rôle d’un nœud autobloquant

  • Permettre le maintien du grimpeur sur son rappel à un poste fixe
  • Permettre le déplacement du grimpeur en toute sécurité

Choix du cordage pour la réalisation de nœuds autobloquants

  • Souplesse
  • Diamètre
  • Capacité de résistance à l’abrasion et au frottement

Les nœuds de charge ou de traction

Il s’agit de tous les nœuds qui vont servir à accrocher une ou plusieurs parties de l’arbre à une corde afin qu’elles ne chute pas sur une contrainte (toit, muret, façade, véhicule, personne…).

En plus de la charge maximale d’utilisation, de la force de résistance statique et de la friction, va venir s’ajouter le facteur chute en particulier pour la rétention de billon de bois.

Ceux que j’utilise régulièrement dans mon travail (Arboriste-grimpeur)

  • Prussik swab : pour les montées en foot lock sur ma corde d’accès
  • Distel : sur ma longe équipé d’une poulie pour fluidifier le ravalement de corde
  • Black : sur ma longe de secours équipé également d’une poulie que j’utilise essentiellement quand il pleut
  • Stilson : pour mes rétention de branches et charpentières
  • Cabestan : pour retenir provisoirement la corde de tirage ou rétention dans mon porte outil
  • Jambe de chien : pour effectuer un mouflage ou un tirage sur l’arrière d’un engin. Même utilité que le nœud papillon mais se défait beaucoup plus facilement
  • Pêcheur : pour les bout de corde de rappel
  • Nœud plat : pour les remontées de corde par mon homme de pied
  • Nœud du magicien : pour les remontées d’outils et machines par mon homme de pied

Mes conseils

Pas besoin de tous les connaitre, ce qui compte c’est de savoir faire le bon nœuds au bon moment.

Personnellement lorsque j’ai passé mon CS Taille et soins des arbres, j’en ai sélectionné une dizaine que je me suis entrainé à réaliser dans le noir.

Sources de l’article

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