De la ballade en forêt à la sylvothérapie, il n’y a qu’un pas

Encore trop souvent objet de moquerie dans le monde du paysage, de l’élagage et surtout du bucheronnage, les bains de forêts restent pour la profession un concept de « bobo écolo ». Le sujet tourne généralement court avec ce type de question : « Tu voies l’arbre sur le parking du supermarché ? Va lui faire un câlin et quand tu reviens tu me dis si tu vas mieux ? »

Alors réelle science ou nouveau business vert… que peut on dire sur les bains de forêts ?

Certes beaucoup d’articles ont déjà été publiés sur le sujet, la recherche Google en est le parfait exemple, mais je précise avant d’aller plus loin dans la lecture de cet article qu’il s’agit ici de partager un regard d’Arboriste Grimpeur Bucheron assumé et revendiqué que je suis sur un sujet sociétal qui touche aux arbres et aux végétaux. Donc avant d’être pour ou contre je sais déjà que je suis concerné.

La 1ère erreur que j’ai observé est la confusion entre « le bain » et « la médecine » de la forêt qui fait elle appel à l’herboristerie, la pharmacologie voir le chamanisme . Dans ce cas nous allons absorber, ingurgiter, cataplasmer… bref, consommer d’une façon ou d’une autre le végétal. Hors dans un bain de forêt il n’y a rien de tout cela, vous êtes au milieu du végétal et de l’arbre, vous pouvez le sentir, le toucher, l’entendre, le voir… mais pas le consommer, c’est le concept.

Avouons que certain/e bouffe aussi l’écorce des arbres… mais bon… c’est rare…

Les externalités positives… la clé pour comprendre

Un bain d’eau sert normalement à nous nettoyer le corps, pas l’esprit. Et pourtant, force est de constater qu’après une dure journée de travail sous la flotte en plein mois de décembre, votre bain en rentrant vous fait du bien…. partout ! Il vous relaxe, vous détend, vous permet de penser à autre chose que le boulot… bref, en plus de vous nettoyer la peau de la saleté, il vous fait du bien au cerveau, ok ? Et ben c’est un peu la même chose avec le bain de forêt, vous ressortez sec mais détendu !

Mais si nous allions un peu plus loin…

De quoi parle t-on?

La promesse

Éveiller ses sens et reprendre contact avec son moi profond. (source)

Agir sur les 5 sens que sont la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe et le gout (source)

La Définition

La sylvothérapie repose sur l’idée qu’être dans une forêt ou à proximité d’arbres a un effet bénéfique pour le bien-être et la santé. Elle s’appuie sur les faits observés et confirmés par des chercheurs de différentes disciplines (psychologie environnementale, neurobiologie notamment) comme quoi les environnements naturels, et particulièrement les arbres, ont un effet positif sur le cerveau. (source)

L’Historique

Initié au Japon sous le terme Shinrin-yoku, le bain de forêt consiste à…..

https://www.youtube.com/watch?v=57GYBnO_0pg

De l’éveil au soins

Pour certain objet même du bain de forêt, pour d’autre externalité positive avérée, le soin que l’on vient chercher est souvent lié à une ou plusieurs pathologies

C’est scientifiquement prouvé

Le stress
L’anxiété
Les insomnies
L’hyperactivité
Les problèmes de concentration

Cela reste à prouver

Les phobies
Les addictions
L’hypersensibilité aux ondes
Les problèmes respiratoires

On arrivera jamais à le prouver

La connerie

Comment ça marche ?

Laisser faire la nature

Comme nous avons pu le lire dans la peau d’un arbre, les arbres possèdent de nombreux atout pour communiquer, se protéger, se défendre, se régénérer (Les huiles essentiels, les tanins, les phéromones….).

Animer la nature

Animer, donner du sens, donner de l’âme…

Yoga
Concert musical / chant
Landart
Grimpe d’Arbres

Habiter la nature

3 grandes tendances qui se sont et se développent fortement en France que l’on peut associer à la même philosophie que les bains de forêts. (Éducation, apprentissage, habitation, alimentation, soins…)

Les cabanes perchées dans les arbres
Les écoles dans la forêt
Le Bushcraft, ou stages survivalistes

Alors certes avec ces 3 exemples nous sortons de la définition puriste du bain de forêt, mais dans les faits ils sont liés. Animer ou habiter la nature ne peut se faire que si l’on s’y sent physiquement et psychologiquement bien, c’est d’ailleurs la même chose avec la géobiologie dans les maisons d’habitation, mais c’est encore un autre sujet… un autre article Lezarbres ?

Et le business dans tout ça ?

Que ce soit avec la vente de livre, de conférences, de formations, de séances de coaching… Bien sur qu’il existe !

Les formations de guides

Les guides

Que ce soit sous un statut d’indépendant, de CAE ou d’entreprise traditionnelle, il existe de plus en plus d’offres sur le marché. Exemple avec le site www.lesbainsdeforet.fr

Les coachs

Ceux et celles qu’il faut le plus se méfier ! Profitant d’une faiblesse passagère (un divorce, un décès, l’annonce d’une maladie grave…) ils en profitent pour vous vendre du bien être à toutes les sauces juste parce qu’ils ont eux un parcours similaire (ou pas) et que depuis, ils ont compris l’essentiel…

Sans oublier que faire des câlins aux arbres non seulement ça ne mange pas de pain mais surtout, ça ne coute pas cher ! Surtout si l’on utilise les forêts françaises sans les acquérir.

Les animateurs environnement

Je suis animatrice environnement, quelle bonne idée !

Les avis

Les pour

Ce qui ne fait pas de mal ne peut faire que du bien (tolérants)
Toucher un arbre me fait du bien… c’est scientifique

Les contres

Toucher un arbre lui fait du bien… c’est personnel

On a trop tendance à confondre foret, espace boisé, et parcelle forestière. Lorsque l’on parle de forêt il s’agit d’essences diversifiées (minimum 5) sur minimum 100 ha…

En clair, aller se balader dans une parcelle forestière d’épicéa et dans une chainerais de la forêt de Tronçais… ce n’est pas la même chose.

Les scientifiques

Alors maintenant certainement le plus important de cette veille, qu’en pensent les fameux scientifiques ? Sont ils unanimes ? Quels sont les point de consensus et de discorde ?

1er élément, le Dr Qing Li est un scientifique : En 2012, le D^r Qing Li et plusieurs de ses collègues fondent une nouvelle discipline appelée « sylvothérapie » (forest medicine), science interdisciplinaire « qui rentre dans les catégories des médecines alternative, environnementale et préventive, et qui recouvre les effets des milieux forestiers sur la santé humaine ». (source)

Le second éléments, c’est que les scientifiques se questionnent, le sujet ne les laisse donc pas indifférents. Pour exemple cette étude Suédo-Danoise intitulée : Quelles preuves scientifiques disposons-nous concernant les effets des forêts et des arbres sur la santé et le bien-être humains ? (PDF)

Les alliers

Ernst Zürcher, Entre visible et invisible

Les détracteurs

Les même qui prônent et justifient dans leurs publications pseudo scientifiques (consultants, techniciens, experts…) que la sylviculture moderne est bénéfique pour l’environnement… . Je n’ai donc pas trouvé de réels scientifiques qui soit publiquement contre la sylvothérapie.

Être pour n’empêche pas d’être lucide…

Ma Conclusion

« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. »
Nietzsche

C’est un constat, les paysagistes, élagueurs et bucherons sont moins malade que les télétravailleurs connectés derrière un écran. Mais cela n’est malheureusement pas prouvé scientifiquement, l’occasion donc ici de faire un appel à la SFA, l’UNEP, la MSA… une étude à financer ?

En revanche, je n’ai pas encore constaté de bienfait direct sur les arbres… si ce n’est un ré-engouement pour les arbres et les végétaux (Documentaires la Cinq, Arté, Silence ça pousse…) qui fait que l’on a moins tendance à avoir envie de les couper, donc les tuer.

De plus, je ne suis pas sur que de venir chercher quelque chose soit la bonne entrée pour le bain de forêt…

Alors l’élagueur, câlin ou pas câlin aux arbres ?

Je dirais que cela dépend du sujet. Il m’arrive souvent sur ce que j’appelle les arbres majestueux de prendre quelques minutes lorsque j’arrive au sommet du houppier pour le contempler visuellement mais aussi le toucher. Pourquoi ? Je ne peut pas vraiment l’expliquer, je sais juste une chose, c’est important !