A présent que nous avons épluché la partie théorique des chartes de l’arbre dans l’article Chartes de l’arbre : Concept, réalité, mise en pratique et développement, voici maintenant un regard, un point de vue, des propositions… de ce que pourrait être une charte de l’arbre 3.0 dans les années à venir.
Du concept à la méthodologie en passant par les outils et les services appropriés, cet article est construit comme un tutoriel pour passer de l’intention à la pratique.
Je précise avant d’aller plus loin, qu’il n’y a pas de profil type pour engager une démarche de charte de l’arbre. Vous pouvez être un simple citoyen, technicien d’une collectivité, professionnel (amateur) du paysage, enseignant, journaliste ou élu local, ce qui compte c’est votre envie de comprendre, apprendre et protéger l’arbre urbain.
En ce qui me concerne, je contribue à faire émerger une charte de l’arbre à Saint Étienne (Loire-42), cet article me sert donc à (ra)ssembler, décrire et proposer des solutions face à des freins rencontrés.
« Seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin«
Lancer un mouvement
La 1ère chose est faire est de (bien) vous entourer. Pour enclencher un mouvement il est nécessaire de parler « au plus grand nombre ».
Pour comprendre le phénomène, je vous invite à regarder cette conférence de Derek Sivers qui nous explique comment se créé un mouvement spontané. Certes, c’est en anglais mais vous allez voir, grâce aux images, on comprend assez vite ce que nous dit le speaker.
Formaliser un mouvement
Ce qu’il faut retenir de cette vidéo c’est que pour être suivi, pas besoin de parler fort ni d’être un bon orateur, ce qui compte c’est que votre message soit entendable pour s’y intéresser, compréhensible pour l’écouter et accessible pour y contribuer.
Lorsque l’on lance une initiative comme la création d’une charte de l’arbre, on ne pense pas souvent à la structure juridique qui portera ce message, et pourtant.
Je pense donc pertinent et nécessaire de créer une nouvelle structure dédiée au projet dans laquelle des personnes physiques mais aussi morales peuvent intégrer la gouvernance.
Exemple de nom pour lancer votre mouvement :
- Arbres Alors ! : si vous cherchez à être « hors sol » (l’arbre en général)
- Nos Arbres en Ville : si vous cherchez à cibler un environnement (l’arbre spécifique)
- Pour les Arbres de <ma commun> : si vous cherchez à vous encrer sur un territoire « in vivo » (l’arbre de chez moi)
A partir de la, un bon logo, un slogan qui claque et un groupe Facebook, une page Instagram, un fil Tweeter… mais avant de nous arrêter sur la communication d’un mouvement, voyons les différentes formes de formalisation qui s’offrent à vous.
Pour créer un cadre juridique et financier
- Association (collectif) de fait : ne permet pas de toucher des subventions publiques
- Association déclarée en préfecture : ne permet pas de concurrencer le secteur marchand
- Association d’utilité publique ou d’intérêt général : permet une défiscalisation d’impôt
- ONG : permet d’obtenir une dimension internationale
Pour créer et développer des partenariats aux mécénats d’entreprises
- Fondation : permet d’obtenir des financements publics et privés à grande échelle
- Fond de dotation : permet de financer l’amorçage de projets collectifs et communs
- Groupement d’Intérêt Économique : permet se structurer une offre de biens et de services entre plusieurs acteurs d’un même mouvement
- Mutuelle : permet de mettre en place un système d’assurance mutualiste (Une complémentaire santé pour les arbres et les végétaux ?)
Pour créer et porter des emplois non délocalisables
- Budgets contributifs : le plus simple et rapide à mettre en place car il consiste à privilégier le paiement du « temps partagé » que le salariat qui est plus rigide et contraignant dans ce type de mouvement
- CAE : assure le portage salarial d’individus au seins d’un même mouvement
- SCOP : 1 homme 1 voix
- SCIC : idem que la SCOP avec en plus la possibilité de faire rentrer des personnes morales comme des collectivités territoriale au sein de la gouvernance de l’entreprise.
Construire la communauté de pratiques
A qui veut on s’adresser ?
Voici une proposition calqué sur le jeu des 7 familles adapté à une charte de l’arbre
- ÉLUS : Décideurs
- SCIENTIFIQUES : Orienteurs
- EXPERTS : Justificateurs
- FORMATEURS : Transmetteurs
- OPÉRATEURS : Réalisateurs
- ASSOCIATIONS : Acteurs moraux
- CITOYENS : Acteurs physiques
Information et sensibilisation
Maintenant que vous avez réuni autour de vous des amoureux des arbres et de la nature en ville en bas de chez vous, il faut les accueillir et les occuper.
Pour cela
Définir un cadre général
De quoi souhaitons nous parler ? Des arbres, des végétaux et des paysages dans l’environnement urbain et périurbain.
La 1ère étape va consister à co-construire un socle commun de connaissances autour de l’arbre, du végétal et du paysage.
Commencer petit mais prévoir grand… définir non pas les contenus mais le cadre de référence qui permettra de les créer.
Méthodologies et outils disponibles
- les réunions publiques
- les séminaires
- l’accompagnement (formation, médiation, animation et coaching)
Éducation et apprentissage
Individuel, collectif et commun
Enfants, adultes, séniors
État, collectivités, filières, fédérations…
Amateur, professionnels, experts…
Se considérer pour se reconnaitre et se faire confiance pour être bienveillant. (Tout l’inverse des Haters en fait…)
Méthodologies et outils disponibles
- les ateliers généraux ou thématiques
- les workshop
- les journées à thème
Occuper la communauté
Favoriser les rencontres dans la vraie vie
On ne le dira jamais assez, rien de tel qu’une bonne discussion autour d’une bière dans un pub cosy pour refaire le monde, son monde. Comme nous allons le voir après, les services numériques comme les réseaux sociaux en ligne ne doivent pas nous faire perdre de vue que si l’on s’indigne et s’exprime en ligne c’est que nous sommes concerné en bas de chez soi (immeuble, rue, quartier, village, ville, métropole, région…).
N’ayant pas souvent de local fixe à disposition lorsque l’on s’affaire à constituer un groupe, le plus simple est de vous donner rdv à une heure et lieu fixe chaque semaine ou mois avec un pré-programme de discussion que vous avez pris le temps de proposé via un formulaire en ligne partagé par mail et autres services web quelques jours avant la rencontre. (les pad en ligne sont de très bon outils pour cela car contrairement aux wikis et blogs, il permet sur la même page une écriture synchrone à plusieurs)
De mon expérience, ce qui compte le plus dans ce type de rdv, c’est de bien respecter le temps que vous avez annoncé lors de l’invitation. Si à 21h ça doit se finir… arrêtez à 21h ! Après rien n’empêche les plus motivés de rester veiller tard, mais votre base, votre noyau dur de sympathisant vous en dira merci. Dans de nombreux cas, ce non respect fini par lasser les participants qui commence à se trouver de plus en plus d’excuses pour ne plus venir (je ne suis pas venu les dernière fois je vais rien comprendre… demain je me lève tôt ça va encore finir à pas d’heure… j’aime bien mais c’est trop long…)
Cela permet de préciser et d’insister sur le fait qu’un mouvement autour d’un commun (l’arbre, l’air que nous respirons, le paysage qui nous nourrit…) ne peut pas être construit comme on lancerait un atelier théâtre, macramé ou couture. Les participants qui aiment les arbres et veulent les protéger en bas de chez eux ne sont pas ici pour leur plaisir/loisir personnel. Ils et elles pensent que c’est important de faire quelque chose en plus de leurs activités et engagements plus personnels (éducation, enfance, famille, métiers…).
Proposer des événements fédérateurs
Permet d’élargir sa communauté et de toucher de nouvelles personnes ou structures.
Exemple d’événement avec TreeCampTilios (projet en cours)
Exemples de formats avec AperoCamp, PitchCamp…
Les prolonger (augmenter) via le numérique
La ou le numérique devient très intéressant et reprend ça vraie place, augmenter les rencontres, c’est lorsque vous avez quelques ressources et compétences audiovisuelles qui vous permettent d’enregistrer ces rencontres et de les rendre disponibles en podcast (soundcloud) pour les interviews et les conférences ou sur une chaine webtv (Youtube, Dailymotion, Viméo…) pour les ambiances et les débats.
Garder des traces tangibles est la 1ère brique pour constituer un capital informationnel commun qui sera utilisé et amélioré tout au long de la vie de votre mouvement, votre communauté et votre engagement.
La documentation
Wiki, blog, réseaux sociaux…
La veille partagée
Articles, publications, livres, vidéos, poadcast…
Les projets expérimentaux
Lâcher prise… dans un cercle de confiance
Retrouver le droit à l’erreur…
C’est ici et maintenant que vous allez pouvoir enfin rentrer dans le sujet qui nous intéresse depuis le début : co-écrire votre 1ère version d’une charte de l’arbre chez vous !
Elle ne vaudra peut être pas grand chose, il y aura surement plein d’erreurs scientifiques, de contradictions techniques ou juridiques et de fôtes d’orthographe… mais elle sera enfin là, dans vos mains. La 1ère version qu’il vous faudra maintenant faire grandir si vous voulez (toujours) qu’elle est un impact sur la société.
Pourquoi ici ? Une charte de l’arbre sans accord ou lien avec les collectivités locales disons le clairement ne servira à rien si ce n’est vous donner une bonne conscience de militant écolo engagé qui ne lâche rien et jamais.
Lorsque l’on veut entamer un programme ou un dispositif il est préférable de le présenter comme une expérience qui aura un début et donc une fin. La temporalité d’un mandat électoral est certes dérisoire comparé au temps des arbres, mais elle est et reste malheureusement la contrainte majeure lorsqu’il s’agit de l’action publique.
Votre charte de l’arbre est donc une expérience que vous comptez mener sur un temps plus ou moins long et qui intègrera des projets thématiques pour l’illustrer.
A l’issue, « les parties prenantes seront à même de donner une continuité (ou pas) à la démarche ». Oui c’est stupide, mais ça fait moins peur dit comme ça… des années à les pratiquer et les observer sur d’autres sujets que les arbres mais tout aussi passionnant.
Exemple de projet expérimental pour créer et développer localement une charte de l’arbre : Créer et développer un « ArboLaboretum en Commun » au parc de Solaure (Saint-Étienne)
Les Preuves de Concept (POC)
Les utopies concrète se dévoilent…
Si le projet expérimental peut rester au stade de dessin sur un morceau de papier, un POC en revanche s’apparente à un scénario d’usage tangible.
Il ne s’agit de proposer et d’expliquer mais de prouver, démontrer la faisabilité.
Dans notre cas il s’agirait de tous les services que nous pourrions développer autour de l’arbre et du végétal en ville. On passe par une phase de prototypage documenté avant la mise sur le marché des collectivités locales.
Le passage à l’échelle
Financer l’expérience pour intégrer le service au fonctionnement
Catalogue de services actualisable à tout moment et en tout lieu assemblant les différents POC concluants.
Exemple : expérimenter l’usage de puces NFC pour la communication entre la base de donnée Arbre de la commune, l’arbre et l’opérateur. = déploiement du services à l’ensemble des employés communaux ainsi qu’aux sous traitants (paysagistes, élagueur, experts…)
Cela permet de développer de l’économie locale non délocalisable.
Écouter la communauté
On appel cela le FeedBack.
Donner les moyens de réagir et d’agir
Contrairement à une entreprise vous n’aurez certainement pas de salariés disponibles pour répondre à toutes les sollicitations et porter vos projets. Il faut donc très tôt vous assurer que votre modèle de gouvernance choisie permette de prendre la bonne décision la ou se déroule l’action.
Exemple : si une personne vient pendant la nuit modifier de façon nuisibles des informations sur la base de donnée commune de la communauté, les membres ont-ils les moyens de rectifier voir bannir la personne si la situation l’exige ?
Plus votre modèle sera décentralisé, moins vous serez sollicité et donc plus vous serez disponible physiquement et moralement pour faire concrètement avancer la cause des arbres en bas de chez vous.
Valoriser les membres les plus actifs
- Badges
- Portraits
- Podcast
Améliorer constamment
La vie d’un arbre et d’un végétal, contrairement à ce que l’on pensait sous Darwin n’est pas statique. Le système d’information d’une charte de l’arbre efficiente la ou se déroule l’action doit être prévu et adapté à cette contrainte.
Envies
Envie de parler à quelqu’un.. peu urgent mais très important pour la personne
Besoins
Besoin de quelque chose… plus ou moins urgent et important,nécessite une vigilance singulière
Attentes
Attente de quelque chose… urgent et important, nécessite une attention particulière
C’est aussi le moment de penser à la renouveler. Posez vous régulièrement la question de comment on monte à bord.
Ressources
Documentation
Articles
Boite à outils numériques
- Framasoft : des logiciels et services en ligne libres et open source
- ArboVegetaLab : un espace Wiki pour vous faire la main ou plus si affinité
- WordPress.com : la plateforme pour créer une vitrine à votre communauté
- Communecter : le réseau social des initiatives locales
- PeerTube : pour créer votre chaîne TV
- Soundcloud : pour héberger et partager vos podcast
- Trello : pour gérer et partager vos taches
