C’est souvent lorsque tu es confronté à des obstacles dans ta vie personnelle que tu en viens à te poser des questions sur tes conditions professionnelles. Pour ce qui me concerne, c’est lorsque j’ai voulu faire une simulation de prêt auprès d’une banque pour acheter un bien immobilier…
C’est quoi votre métier ? Arboriste grimpeur !
C’est quoi votre job ? Grimpeur élagueur.
C’est quoi votre statut ? Ouvrier paysagiste…
Voici en gros tout le dilemme de ma profession. Il y a la théorie que l’on nous apprend en formation : « vous êtes les docteurs des arbres ! » et le contrat de travail que l’on nous fait signer « vous êtes ouvrier paysagiste !« .

En clair, plus question de corde, de tronçonneuse, de griffes, de rétention, de connaissance des végétaux et de leurs parasites, d’architectures des arbres… juste, « Tu vois la haie, t’as 4 heures… Tu vois l’arbre ? t’as 2 heures ! » Pas étonnant donc que nous soyons affilié à la même convention collective que des ouvriers paysagistes auxquels on demande la plupart du temps de pousser une tondeuse, tenir un taille haie, planter des fleurs et souffler sur des feuilles… je ne dénigre pas, j’explique !

Le CS Arboriste Elagueur est effectivement une « spécialisation » et non un « diplôme » qui ne donne donc droit à rien d’autre que des compétences pour élaguer des arbres supérieurs à 15 mètres avec une corde ou une nacelle là ou le « non spécialisé » utilisera une scie-perche, une échelle ou un échafaudage…

Par contre pour ta banque tu as bien le gros bouton « Métier à risque » coché en dessous de ton questionnaire de santé… et alors quand tu réponds « oui… je fume. » tu sens que les yeux de ton conseiller commencent à piquer…
Pour ce qui est du « Métier-Passion », un des chiffres que l’on m’a donné et que j’ai trouvé le plus édifient lorsque je suis rentré en formation : « 70% des personnes qui sortent d’un CS taille et soins des arbres arrête le métier dans l’année qui suit » … Hier je me demandais pourquoi ?

Aujourd’hui je dirais que ce tableau est sans doute le meilleur élément de réponse à ceux et celles qui disent que : « Dans l’élagage on recrute de partout mais on trouve personne ! »
Alors oui, il existe la solution du travail en indépendant qui permet de mieux se positionner sur certains chantiers avec des frais de fonctionnement moins important que l’entreprise, mais lorsque l’on lisse l’activité sur l’année on se rend compte qu’il est difficile de vivre à 100% de l’activité d’élagage. C’est là que l’on rentre en concurrence avec l’ouvrier paysagiste, le bucheron, l’éducateur grimpeur d’arbres voir le cordiste.
La solution qui me parait la plus pertinente à ce jour serait d’être affilié à une grande fédération des métiers de cordes (avec un S) à l’échelle européenne (exemple avec DPMC) avec laquelle serait rédigé des avenants vers des conventions de spécialités (bâtiment, paysage, montagne…) uniquement pour l’encadrement des obligations de compétences métier mais non plus celle du social.
En attendant la révolution (ou l’obtention de mon prêt) bonne grimpe à toutes et tous et que perdure l’amour du métier à défaut de l’avenir des banques en y mettant si possible avec celui de la Convention collective nationale des entreprises du paysage du 10 octobre 2008 !


bonjour,
mon mari a passé le CS aboriste élagueur à la Réunion en 2023. Et ici certains de nos « pied de bois » connaissent un vrai massacres par des entreprises qui ne respectent pas la formation de leurs arboristes élagueurs sous payés et mal considérés. Des soigneurs d’arbre passionnés, sont obligés de réaliser des tailles qui trahissent leurs valeurs éthiques vis-à-vis de la santé de nos « arboutans »(très vieux arbres présents dans le paysage réunionnais, considéré comme ancêtres du peuple indigène). Résultat: arrêt du métier. Et comme on dit ici « dépitation » !
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Bonjour,
Merci pour votre témoignage, hélas bien triste d’apprendre que cela l’a conduit à arrêter le métier. En fait c’est toute la profession qui doit aujourd’hui se remettre en cause. Oui on forme très bien les arboristes grimpeurs, oui nous avons de très bon scientifiques qui nous expliquent très bien ce qui est en train de se passer, oui nous avons de très belles entreprises qui mettent les moyens pour avoir des matériels de qualité, oui nous avons des élus et des techniciens qui prennent de plus en plus conscience qu’on ne peut plus faire comme avant, oui nous avons des citoyens qui se sont mis à reconsidérer leur rapport à l’arbre, oui nous avons une jeunesse qui s’engage sur les questions environnemental…. oui et re oui, mais hélas quand on les met ensemble non, ça ne marche pas ! On peut avoir le plus grand orchestre philharmonique du monde, si il n’y a pas de chef d’orchestre pour l’harmoniser ça ne peut pas marcher. A mon sens et après pas mal de réflexions sur le sujet, c’est que tant que les arbres n’auront pas des droits, on y arrivera jamais. Les chartes de l’arbre c’est comme les PLU, ce ne sont que des intentions que l’on piétine au moindre projet dans le BTP. Quoi qu’il en soit les arbres ont moins besoin de nous que nous d’eux et nous sommes en train de le subir plus que de le comprendre, sans doute une forme de vengeance bienvenue pour eux.
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